Pénurie d’enseignants : un défi majeur pour l’éducation belge
Rentrée 2023 en Belgique marquée par une pénurie aiguë d'enseignants, surtout en Wallonie/Bruxelles. Qualité menacée, solutions temporaires insuffisantes. Causes : conditions, attractivité, départs. Urgence d'une réforme globale (salaire, conditions) pour l'avenir de l'éducation.

Ce début d’année scolaire 2023 en Belgique a mis en lumière un enjeu crucial pour le système éducatif : la pénurie croissante d’enseignants, qui affecte non seulement les établissements scolaires, mais également la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves. De nombreuses écoles en Wallonie et à Bruxelles subissent des difficultés à recruter des enseignants qualifiés, une situation qui soulève des inquiétudes quant à l’avenir de l’éducation dans le pays.
Dans de nombreuses villes, comme Bruxelles et Liège, des centaines de postes restent vacants, et les écoles se tournent vers des solutions temporaires, telles que le recours à des enseignants remplaçants. Ces remplacements, souvent jugés insuffisants, entraînent une instabilité dans les classes, avec des élèves changeant fréquemment d’enseignants et, par conséquent, de méthodes pédagogiques. Cela crée un environnement d’apprentissage pouvant conduire à des lacunes dans le parcours scolaire des élèves. La crise est particulièrement aiguë dans certaines matières comme les sciences, les mathématiques et les langues.
Les raisons de cette pénurie sont multiples et interconnectées. D’une part, les conditions de travail des enseignants ont été souvent critiquées, avec de nombreux professionnels évoquant des charges administratives lourdes et des salaires jugés peu attractifs par rapport à d’autres professions. D’autre part, l’évolution démographique des enseignants, marquée par un grand nombre de départs à la retraite et un enthousiasme décroissant chez les jeunes diplômés à se diriger vers ces carrières, constituent des éléments aggravants de cette crise. Des études montrent qu’une majorité des étudiants se déclarent réticents à s’engager dans une profession en proie à des contraintes et à une pression croissante.
Face à cette situation, des initiatives sont progressivement mises en place pour attirer de nouveaux enseignants. Certaines universités, comme l’Université libre de Bruxelles, essaient de renouveler leur offre de formation en créant des parcours plus adaptés aux réalités actuelles du terrain éducatif, en concertation avec des écoles partenaires. À cet égard, des programmes de mentorat visant à encourager les jeunes enseignants et à améliorer leur intégration dans le système scolaire belge ont également été proposés.
Cependant, ces efforts pourraient être insuffisants sans une réflexion globale sur la professionnalisation du métier d’enseignant, qui doit également inclure un débat autour des rémunérations, des conditions de travail et des ressources mises à disposition dans les écoles. La situation professionnellement précaire d’un nombre croissant d’enseignants pourrait constituer un frein à l’entrée des jeunes dans la profession.
La question de l’enseignement en Belgique ne concerne pas seulement les enseignants, mais englobe également l’avenir de tout un système qui, s’il ne parvient pas à attirer des talents et à conserver ses professionnels expérimentés, court le risque d’affecter durablement la qualité de l’éducation. La résolution de cette crise, qui semble s’aggraver d’année en année, exige des décisions politiques audacieuses et une coopération renforcée entre les différents acteurs du secteur éducatif. L’avenir des générations à venir dépend de ces choix cruciaux, soulignant l’importance de garantir un système éducatif solide et pérenne.


