
À l’aube de 2024, la Belgique se trouve à un carrefour en matière de politique énergétique, confrontée à l’urgence croissante du changement climatique. La transition vers des sources d’énergie durables et la réduction des émissions de gaz à effet de serre deviennent des priorités incontournables. Dans ce cadre, les différentes entités régionales du pays s’emploient à établir un modèle concerté, alliant ambition écologique et sécurité d’approvisionnement.
La Flandre se distingue par des objectifs particulièrement ambitieux, notamment une augmentation significative de la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. Le gouvernement flamand a lancé un vaste plan d’investissement de plusieurs millions d’euros destiné à encourager l’innovation technologique et à soutenir le développement de l’énergie éolienne et solaire. D’ici 2025, la région vise une capacité installée de 4 GW pour l’énergie solaire, marquant une étape déterminante dans ses efforts climatiques.
De son côté, la Wallonie s’investit également dans le développement des énergies propres, à travers de nombreux projets éoliens et solaires se déployant tant sur des terrains publics que privés. L’administration régionale soutient des dynamiques locales, en particulier des collaborations entre communes et coopératives citoyennes pour favoriser une production d’énergie décentralisée et participative. Ces initiatives permettent d’associer directement les citoyens à la transition, renforçant leur implication et leur compréhension des enjeux environnementaux.
La région bruxelloise s’engage quant à elle dans une politique de rénovation énergétique du bâti, enjeu majeur dans une zone à forte densité urbaine. Le plan bruxellois donne priorité à l’efficacité énergétique, à travers l’isolation thermique des immeubles et l’encouragement à l’installation de panneaux photovoltaïques. L’ambition de Bruxelles est de faire figure de pionnière en matière d’urbanisme durable, à condition toutefois de renforcer la formation des professionnels du bâtiment pour assurer une mise en œuvre efficace des technologies vertes.
Sur le plan législatif, des progrès notables sont également enregistrés. Le Parlement fédéral a récemment adopté des lois censées faciliter l’obtention de permis pour les installations renouvelables, tout en simplifiant les démarches administratives. Cette amélioration du cadre réglementaire est saluée, même si des incertitudes demeurent, notamment en ce qui concerne les incitants fiscaux adressés aux entreprises innovant dans le domaine énergétique.
La coordination entre les niveaux de pouvoir reste un pilier fondamental de cette transition. Le Comité de l’énergie, qui réunit les représentants régionaux et fédéraux, occupe une place stratégique dans la mise en œuvre des politiques communes. Toutefois, des dissensions persistent, en particulier sur le rôle de l’énergie nucléaire dans la stratégie nationale. Alors que certaines centrales belges fournissent actuellement une part importante de l’électricité, leur avenir suscite un débat complexe touchant à la fois à la sécurité énergétique et à la cohérence de l’engagement vers une production totalement renouvelable.
La transition énergétique soulève également des considérations économiques majeures. Elle est source d’opportunités, notamment la création d’emplois dans les “filières vertes”. Mais pour que ces promesses se concrétisent, il est impératif d’adapter les compétences de la main-d’œuvre. Les établissements de formation, en partenariat avec l’industrie, sont appelés à jouer un rôle central pour préparer les jeunes à ces nouvelles professions, à la croisée de la technologie, de l’écologie et de l’innovation.
Enfin, l’enjeu social de cette transition ne peut être ignoré. Le risque d’accroître les inégalités est réel si certaines catégories de population n’ont pas accès aux infrastructures nécessaires, comme les installations photovoltaïques ou l’isolation performante. Il appartient alors aux pouvoirs publics, locaux en particulier, de concevoir des mécanismes qui garantissent une transition juste, équitable et inclusive.
La politique énergétique belge, en cherchant à transformer ses ambitions en actions concrètes, illustre une volonté affirmée de conjuguer impératifs climatiques, développement économique et cohésion sociale. Dans un monde soumis à des bouleversements environnementaux sans précédent, la réussite de cette trajectoire dépendra de la solidarité entre les acteurs, de la constance politique et du courage collectif pour faire de la Belgique un modèle d’énergie durable.




